Descriptif
Introduction et définition
De l’embolie urbaine
Ces dernières années, le système tout voiture qui a défini le caractère urbain et rural dans le développement de nos communes commence à atteindre ses limites. De nombreux problèmes identifiés dès les années 70 commencent à apparaître concrètement (enlaidissement, congestion, pollution, sédentarité, coûts financiers, mortalité, etc). Ces problématiques grandissantes couplées à la nécessaire décarbonation de nos moyens de transports viennent questionner les politiques d’aménagements du territoire ainsi que leur souhaitabilité et leur viabilité.
Pour qui veut approfondir, la 4e partie de la thèse « Les transports face au défi de la transition énergétique. Explorations entre passé et avenir, technologie et sobriété, accélération et ralentissement » d’Aurélien Bigo dresse une analyse des domaines d’actions sur lesquels les politiques peuvent agir ou non.
https://theses.hal.science/tel-03082127v1/file/91465_BIGO_2020_archivage.pdf
À l’embellie urbaine
Ce questionnement de l’aménagement urbain autour de la mobilité n’est malheureusement pas une évidence pour les principaux responsables de l’action politique, qui même de bonne volonté, peuvent rester bloqués dans un schéma de pensée voituro-centré. Ce conditionnement peut les gêner à s’engager dans des politiques de transition réelles et impactantes au profit d’une politique de communication et d’auto-satisfecit loin de répondre aux multiples enjeux et à l’urgence.
La transition énergétique à engager sur le plan des mobilités doit s’accompagner d’une redéfinition large de la mobilité en prenant en compte toutes les externalités, et pas seulement les émissions de CO2.
Il convient alors de redéfinir la ville nouvelle en tant que ville convi·viable. C’est-à-dire un espace structuré autour des moyens de déplacement, espace qui doit être habitable, circulable, mais aussi sain, désirable, équitable et soutenable.
Afin de jauger rapidement le caractère convi·viable des politiques de déplacement, proposer un outil visuel de type NutriScore semblait le plus adapté.
Intérêts et limites de l’outil
Critères de réalisation et finalités
Dans les grandes lignes, le Mobi-Score se veut :
- simple à mettre en place
- visuel
- utilisable par tout un chacun
- à échelle communale
- concret : évaluer les aménagements (présence et qualité) en eux-mêmes
Il se compose de 2 volets :
- un questionnaire à destination des habitants
- une infographie générée suite aux résultats de l’enquête
Il vise à évaluer la situation d’une commune et des politiques locales sur la seule thématique de la mobilité pendulaire/triangulaire. Sera ainsi évaluée la capacité d’un territoire à s’affranchir de la dépendance à la voiture, à proposer une diversité dans l’offre de déplacement, à s’engager dans des solutions concrètes visant à favoriser les mobilités douces et partagées.
Ces actions possibles ont été regroupées en 7 catégories :
- réduction du besoin de circuler
- substitution de déplacements motorisés par des déplacements doux et/ou collectifs
- sécurisation des déplacements doux
- priorisation des déplacements doux ou collectifs
- incitation au report modal
- inclusion des personnes vulnérables dans la diversité de l’offre de déplacement
- coopération entre gestionnaires de voirie et citoyens
Le champ de cette évaluation ne s’applique pas à d’autres politiques de transition et/ou de convivialité de type renaturation de cour d’école, îlots de fraîcheur, résilience alimentaire, etc. Il ne concerne pas non plus le cyclotourisme.
Cet outil appartient à tous et peut être utilisé par tous : citoyen, association d’usagers, collectivité territoriale… Il conviendra, par honnêteté intellectuelle de préciser l’entité originaire de l’évaluation ainsi que le nombre de participants et la date. Cette démocratisation peut être un avantage comme un inconvénient. Pour éviter un effet d’orientation des résultats, il est primordial d’élargir au maximum le panel. La première partie du questionnaire sert à établir un profil des répondants et de cerner leur diversité ou non.
Il peut être intéressant pour une collectivité de mener cette évaluation en interne puis en sollicitant la population pour juger de la cohérence entre les politiques mises en place, les effets attendus et la réalité vécue.
Cette évaluation, si elle se base sur des indicateurs clairs regroupés en 7 catégories, se basera seulement sur la connaissance et l’appréciation des usagers. Ainsi, si une commune met en place des aménagements cyclables en quantité mais qualitativement mauvais, cela se répercutera dans le score final. Autre exemple, si une commune met à disposition des véhicules en location sans que la population n’en soit clairement informée, on obtiendra un score plus bas qu’il ne devrait l’être sur cet item-là.
L’intérêt de cet outil est donc multiple et dépendra de l’objectif de qui s’en empare :
- évaluer à un instant T
- diagnostiquer les axes d’amélioration
- confronter les discours et le terrain
- valoriser un territoire
Limites
La version actuelle a été faite de manière artisanale, notamment dans le choix des questions. Une approche plus professionnelle serait nécessaire.
Il a été choisi de présenter les questions sous la forme d’une échelle de Likert, une échelle sémantique différentielle semble une piste intéressante à explorer.
Le lexique associé aux questions ne correspond peut-être pas à la même réalité selon les personnes, voire ne fait pas sens du tout. Des questions imagées ou, à défaut, une notice, pourrait pallier cet écart de compréhension. (biais confirmé dans le premier passage du questionnaire)
Ces questions s’adressent au grand public qui n’a pas forcément une connaissance exhaustive de son territoire. Une large passation s’avère plus pertinente.
Outils similaires et complémentaires
Baromètre FUB
Par certains aspects, il s’apparente au baromètre de la FUB, mais se veut différents sur 2 points majeurs :
Premièrement, la portée du questionnaire n’est pas limitée au déplacement en vélo et donc s’adresse à tout résidant du territoire évalué. L’occasion de sonder les aspirants cyclistes (60 % selon un sondage FUB de mai 2019), les piétons, les automobilistes, etc.
Deuxièmement, si la part subjective est indissociable de ce genre d’exercice, la formulation des questions se focalise sur la mise en place (ou non) concrète d’aménagements ou d’actions en évitant au maximum les évaluations de « ressenti » assumées par le questionnaire de la FUB.
Baromètre des mobilités du quotidien
Des ressemblances existent aussi avec le Baromètre des Mobilités du Quotidien établi par Wiimoov et la Fondation pour la Nature et l’Homme. Ce dernier se focalise essentiellement sur la dépendance aux énergies fossiles et la précarité, et consiste en une expertise fine des territoires régionaux.
Diagnostic Mobilité
Enfin, le Diagnostic Mobilité analyse finement le profil d’un territoire et de ses habitants en mettant en parallèle un bon nombre d’indicateurs par rapport à la répartition géographique, l’offre de transports et les pratiques actuelles de déplacement.
Fonctionnement
Comment se présente l’outil ?
Le Mobi-Score se compose de 2 volets :
- un questionnaire à destination des habitants
- une infographie générée suite aux résultats de l’enquête
Comment sont calculés les scores ?
Chaque item sera évalué sur une échelle de Likert à 7 graduations. Une moyenne par catégorie sera faite et transformée en code couleur. Un score global sera calculé en faisant la moyenne des 7 catégories et associé à une lettre.
Typologie d’actions
RÉDUCTION : Réduire au maximum le besoin de circuler
Aménager la ville avec le moins de compartimentations possible (travail, habitat, approvisionnement, éducation, culture, services)
Multiplication des pôles d’activités essentiels dans l’intra-cité (réseau maillé : dispersion à l’échelle macro et concentration à l’échelle micro)
Arrêter le développement d’axe routier à fort haut niveau de trafic motorisé
Réduction du stationnement dans l’espace public
SUBSTITUTION : proposer des alternatives à la voiture indiv.
Développer l’offre (qualitative et quantitative) de transports en communs
Réduction spatiale de la chaussée au profit d’autres modes (voies réservées : bus, tram, vélos, piétons, trottinettes)
Mise en place d’aires de covoiturage
Location de véhicule doux
Réfléchir le plan de circulation pour favoriser l’efficacité des déplacements doux par rapport aux déplacements motorisés
SÉCURISATION : agir sur la sécurité réelle et ressentie des modes de déplacement doux
Réduction physique de la vitesse
Diminuer le trafic motorisé (sens uniques, piétonisation, vélorues)
Infrastructures séparées motorisés/cycles/piétons
PRIORISATION : inverser le régime de priorité actuel
Aménagements forçant piéton > cycles > motorisés
Des linéaires doux qualitatifs : accessibles, directs, structurants, efficaces
Croisement des différents linéaires (doux/motorisés) favorables aux piétons, cyclistes : régime de priorité couplé à des ralentisseurs physiques
INCITATION : aider au report modal, imaginer une nouvelle ville
Itinéraires lisibles (peinture au sol, jalonnement) confortables (revêtement, rayon de courbures, ressaut) et désirables
Aide à l’achat
Location test véhicules type vélo électrique / vélo cargo / trottinettes / voiture électrique
Parkings vélo sécurisés privatifs en zone dense
Communication (bienfaits, événements, plans spécifiques, application)
éducation à la route (permis piéton, permis vélo) et pédibus scolaire
COOPÉRATION : pour des aménagements qualitatifs adaptés aux réalités locales
réunions publiques d’information et de consultation
groupes de travail citoyens
outils de remontée de terrain (ex : app.vigilo.city) et réponses effectives
élargir son champ d’action (interconnecter avec le réseau externe, s’adapter aux/influencer les réalités connexes)
INCLUSION : prendre en compte les vulnérabilités de tous dans l’offre des déplacements (autonomie Vs dépendance)
Vulnérabilités physiques : personnes âgées, malvoyants, enfants
Vulnérabilités financières : faibles revenus (précarité mobilité)
contraintes : fauteuil roulant, poussettes
février 2024